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Les lectures de Mère Lin
4 avril 2022

Épée, tue ce démon, de Yann BAROCO

Titre : Épée, tue ce démon

Auteur : Yann Baroco

Édition : Librinova

Nb de pages : 215

 

Résumé : Rennes, 28 février 1994, 8 heures : l’horloge de la Mort vient de sonner pour l’antiquaire Louis XV et son épouse Céleste. Seul témoin : un chat curieux mais peu bavard.

L’enquête est menée par le commissaire Truffier, dit La Truffe. Le nez sur la piste comme un limier dans la lande de Kerbraz, il nous emmène du château de Brouméheuc où le vicomte de Lanouée, nostalgique de la vieille France, maître d’équipage d’un vautrait renommé, vieillit entre ses conquêtes féminines et son piqueux Ragot jusqu’aux quais de la Vilaine chez des pénichards flaminds. Qui peut relier des milieux si opposés, sinon Gus le Broque ou Madenn, cette croqueuse d’hommes, prête à tout pour assouvir sa soif de pouvoir. Quant à la jeune Annaïg, cette voyante mythomane nourrie de légendes et de ferveur religieuse, elle laissera les psychiatres dubitatifs. Truffier, policier aux méthodes controversées, est convaincu que l’aveu est la reine des preuves.  Persuadé de détenir une vérité qu’il ne fonde que sur sa seule intuition, il ne se laissera impressionner ni par un prétendu innocent,  ni par un procureur aux ordres, ni par les prédictions d’une sorcière espagnole qui a vu los jinetes de la Muerte. Poursuivant un démon tout droit sorti de l’Enfer, connaîtra-t-il jamais une vérité que seuls les morts détiennent désormais ; comme dirait Léonie, femme de ménage psychotique : Doué da bardon an Anaon (« Dieu pardonne aux défunts »).

 

Avis : Je ne vais pas vous le cacher longtemps, ce fut une lecture bien rude, mais je suis allée jusqu'au bout, afin de voir la conclusion de cette affaire. 

Histoire : Un antiquaire est retrouvé mort chez lui, c'est la femme de ménage qui l'a découvert. Mais ce n'est pas le seul décès dans cette maison : la femme de l'antiquaire est également décédée. Si pour l'un, la mort est évidente, pour l'autre, cela s'avère plus compliquée. Qui en voulait au couple ? C'est ce que vont tenter de résoudre les enquêteurs. 

Le schéma a l'air classique, mais en réalité, il est bien plus complexe que cela, car plusieurs histoires se mélangent et elles ne sont pas forcément toutes reliées entre elles. Mais je ne vous en dis pas plus sur ces histoires parce que sinon je vais vous révéler tout le stratagème. Malgré ce schéma complexe, on a envie de savoir comment tout cela va se terminer et c'est grâce à cela que j'ai tenu jusqu'au bout. Il faut attendre les derniers chapitres pour comprendre toute la trame de l'histoire même si l'on reste encore avec des incertitudes à la fin. L'histoire en elle-même est intéressante, mais elle n'est pas aidée par la plume de l'auteur et je reviendrai sur ce point.

 

Personnage : On n'a pas réellement de personnage principal, ils sont tous sur un même niveau, que l'on soit du côté des enquêteurs ou bien du côté des témoins ou encore des suspects, cela manque d'équilibre. Je ne me suis pas attachée à un personnage en particulier, cela part un peu dans tous les sens et c'est dommage. Le premier personnage que l'on rencontre est la dame de ménage, Léonie, et vu l'importance que l'auteur lui donne, on pourrait supposer qu'elle va avoir un rôle important. Eh bien non, hormis le fait qu'elle ait découvert le cadavre de son patron, c'est tout ce qu'il y aura d'important. C'est dommage car elle est fait aussi le ménage chez l'enquêteur, donc on aurait pu voir une relation plus poussée dans l'enquête mais rien. Et c'est la même trame pour tous les personnages, l'auteur leur donne de la force, mais sans finalité. Comme pour l'histoire, je pense que les personnages sont gênés par la plume de l'auteur. 

 

 

Plume : Je pense que l'auteur a beaucoup d'imagination et il sait ce qu'il veut raconter, malheureusement sa plume est maladroite, ce qui fait que j'ai eu beaucoup de mal à accrocher à ce roman. Parfois il nous étale la vie d'un personnage comme si cela était important pour comprendre l'histoire, mais non, cela ne fait qu'alourdir le texte. Autre point qui m'a dérangé et dont je n'ai pas vu l'intérêt, c'est le traitement du commissaire Truffier : niveau temporel et niveau pronom. Vu que le "je" est utilisé, c'est que cela doit être le personnage principal ? Mais je ne l'ai pas ressenti comme tel. Et dès qu'il fait "son" récit, on passe au présent de narration, alors que tous les autres personnages sont au passé. Par moment, il fallait que je revienne en arrière pour comprendre qui parlait et où on était. Pour moi, ce sont ces deux points qui m'ont empêchés d'être à l'aise sur cette lecture et c'est dommage, car je pense qu'il y a un réel potentiel avec ce roman, mais selon moi, il a besoin d'être remanié avant d'être réellement édité. Le monde de l'édition étant une jungle, il faut savoir se démarquer des autres et surtout avoir un texte presque parfait (oui, le parfait n'existe pas !) 

 

Bref, vous l'aurez compris, en l'état actuel, je ne peux pas vous conseiller cette lecture et c'est dommage, car l'histoire est intéressante. Il est vrai que d'habitude, je vous dis que ce n'est que mon avis, et qu'il faut lire pour se faire son propre avis, mais là, je ne pense pas que cela soit nécessaire. Du moins pour le moment. 

 

 

 

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Commentaires
C
Merci pour votre analyse très détaillée ! J'avais lu quelques commentaires sur Babelio, mais c'est votre critique qui m'a donné vraiment l'envie de découvrir cet auteur, c'est vrai que son écriture est déroutante, désuète ou ringarde peut être ; je ne sais pourquoi elle me fait penser à un auteur des années 50. J'ai retrouvé dans son écriture des accents d'une autre époque, enfin de ma jeunesse maintenant lointaine. Mais comme vous l'avez relevé, quelle imagination fabuleuse pour monter de telles histoires ! Je crois qu'il trouvera son lectorat chez ceux et celles de ma génération. Si j'avais un conseil à lui donner pour l'avenir, ce serait d'abandonner le "je" pour se détacher davantage de son personnage en écrivant de manière plus impersonnelle, d'éviter les "clichés" j'en ai trouvé quelques uns - peut être d'écrire autre chose que des romans policiers d'un autre temps pour découvrir le monde moderne, la réalité dans laquelle nous vivons et qui ne semble pas être la sienne. Tant pis si j'ai la dent dure, mais c'est justement parce que j'aime beaucoup les histoires qu'il sait savamment concocter pour m'intéresser que je lui donne ce conseil d'une lectrice fidèle qui vient de lire son autre roman "le dernier Cochon" !
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